Pour l'architecte Camille Lefèvre auquel est confié le plan d'aménagement de la rue Nationale fin 1940, la reconstruction de la rue Nationale doit avant tout permettre d'adapter l'axe au trafic croissant des automobiles. L'architecte se montre en faveur d'un élargissement de la rue, au grand dam de personnalités influentes de Tours qui prônent le maintien à sa largeur d'avant-guerre. Après plusieurs mois pendant lesquels la presse locale se fait l'écho du débat qui oppose farouchement ces deux camps, et à l'issue de longues discussions avec le ministère des Travaux publics, la largeur de la rue Nationale est finalement fixée à 23 mètres à la fin de l'année 1941. Sur la base d'une proposition de Lefèvre en 1942, le principe de l'ordonnancement des futurs immeubles de l'entrée de ville et de la rue Nationale est toutefois celui de la continuité, soit un alignement d'immeubles de trois étages mansardés, très inspirés des constructions précédentes.
De nouvelles destructions touchant la ville de Tours en 1943 et 1944, le plan Lefèvre est repris par Jean Dorian, désigné urbaniste en chef de la reconstruction tourangelle à la Libération. Tout en conservant la perspective initiale et l'élargissement de la rue Nationale, Dorian établit un projet d'aménagement plus ambitieux qui offre au quartier nord une trame viaire largement repensée.
En 1946, le ministère de la Reconstruction charge l'architecte Pierre Patout de diriger les opérations de la zone sinistrée nord. À la recherche d'une nouvelle esthétique pour l'entrée de ville monumentale, celui-ci intègre à sa réflexion le problème de la déclivité de la rue Nationale, évaluée à sept mètres entre les places Anatole-France et Jean-Jaurès. Il envisage un système de placettes disposées aux différents carrefours de l'axe, permettant selon ses termes "d'écluser la pente". L'architecte travaille aussi longuement sur la composition ordonnancée des futurs immeubles, ébauchant progressivement dans un style tourangeau revisité des ensembles coiffés de toitures d'ardoise, des façades de pierre blanche rappelant le tuffeau des maisons anciennes.
En 1948 toutefois, Patout doit reprendre son étude pour le haut de la rue Nationale, le service des Monuments historiques lui demandant de dégager l'église Saint-Julien de toute construction. Le second modificatif du plan d'aménagement et de reconstruction entérine en 1950 le report des constructions ordonnancées au sud de l'axe des rues Colbert et du Commerce. L'exclusion de la partie intacte de la rue du périmètre de reconstruction entraîne de même une simplification du projet initial, limitant l'édification des nouveaux îlots bordant la rue Nationale à la zone sinistrée.
Enfin, la décision de reconstruire le Crédit Lyonnais dans la partie ancienne de l'artère fait ressurgir le débat sur l'élargissement de celle-ci. Fort réticent à l'idée de frapper d'alignement des immeubles non sinistrés, le conseil municipal envisage en 1951 la possibilité de créer des passages couverts en rez-de-chaussée des bâtiments anciens. Conformément à la volonté du ministère de la Reconstruction, la succursale du Crédit Lyonnais est édifiée en 1956 en suivant le nouvel alignement de la rue Nationale. Jugée peu prioritaire, la réalisation des passages couverts est reportée sine die dans l'attente de crédits supplémentaires, avant d'être officiellement abandonnée par la nouvelle mandature au début des années 1960.