Présentation des réalisations de la Société immobilière d'Orléans par Émile Cacheux, extrait de État des habitations ouvrières à la fin du XIXe siècle ; étude suivie du Compte rendu des documents relatifs aux petits logements qui ont figuré à l'Exposition universelle de 1889, p. 143-144 :
"La Société coopérative immobilière d'Orléans a été fondée en 1879, par deux ouvriers intelligents, dans le but de multiplier les petits logements et de donner aux travailleurs la facilité de devenir propriétaires en payant le prix d'une maison par annuités.
La société construit des maisons sur des terrains qui appartiennent à ses clients. Dans ce cas elle leur donne la facilité de se libérer en vingt-cinq années en payant une annuité calculée à raison de 7,10 % du prix de vente, ce qui permet d'attribuer au capital un intérêt de 5 %. Pour diminuer la durée du remboursement et pour augmenter son fonds de roulement, la Société cède son privilège d'entrepreneur à des bailleurs de fonds qui se contentent d'un intérêt de 4,5 %. La Société n'a plus qu'une deuxième hypothèque sur la propriété de son client, par contre, ce dernier n'a plus à payer qu'une annuité de 6,75 % de la somme représentant au moins la moitié de la valeur de l'immeuble. Cette combinaison ne rompt pas les conditions de libération de l'emprunteur, et, lorsqu'il est libéré de la Société, le fait bénéficier d'un intérêt de 4,5 % pour ses versements.
Lorsque l'acquéreur n'a pas de terrain, la Société traite avec lui et construit une maison qu'elle loue sur plan avec promesse de vente.
Une maquette exposée représentait le type maison le plus apprécié par les orléanais ; c'est une construction à façade étroite. D'ailleurs, la Société a élevé ses maisons suivant un grand nombre de types distincts ; en général, elles ont deux étages. Le montant de l'annuité exigé de l'acquéreur diffère très peu de la valeur locative et cet acquéreur peut sous-louer souvent une grande partie de sa maison. Il est ainsi logé presque gratuitement ; mais, par contre, l'hygiène souffre de cet état de choses.
Quoique ne disposant d'aucun avoir, les deux fondateurs de la Société d'Orléans sont parvenus à faire souscrire un capital de 425.900 francs. Avec cette somme et les rentrées provenant des ventes, la Société a construit 203 maisons qui ont coûté 2.200.000 fr. Aujourd'hui, la construction des maisons est à peu près arrêtée, car l'encombrement que l'on constatait à Orléans a disparu. Les fondateurs de la Société ont donc atteint un des plus beaux résultats qu'ils visaient : savoir procurer aux travailleurs des logements salubres et à bon marché."