Les établissements de soin
L'établissement hospitalier le plus ancien d'Orléans était l'hôtel-Dieu dont la fondation pourrait remonter au 9e ou au 10e siècle. Élevé contre le flanc nord de la cathédrale, il consistait à l'origine en un édifice modeste qui s'agrandit au fil des siècles, en particulier dans la première moitié du 16e siècle où fut édifiée la grande salle des malades Saint-Lazare. Entre 1621 et 1625, de nouveaux bâtiments furent édifiés à l'ouest. Après 1728, la chapelle et une partie des annexes situées sur la façade sud furent détruites afin d'élever la façade occidentale et les tours de la cathédrale, de nouveaux bâtiments furent alors construits à l'est. Ce premier hôtel-Dieu fut démoli entre 1845 et 1848.
Outre l'hôtel-Dieu, la ville comptait au Moyen Age de nombreux établissements de soin et d'accueil des pauvres orléanais ou de passage, dispersés dans la ville et les proches alentours.
Trois maladreries accueillaient les lépreux :
La maladrerie Saint-Ladre ou Saint-Lazare, établie dans le faubourg Bannier, au nord de la ville, fondée en 1112 par le chapitre de Sainte-Croix, était destinée aux lépreux orléanais, pauvres ou riches, et desservie par des religieux de l'ordre de Saint-Augustin. En 1624, les Chartreux s'y installèrent qui reconstruisirent des bâtiments neufs et transférèrent les malades au sud d'Orléans, à la maladrerie des Châtelliers.
La maladrerie des Aydes, située plus au nord de la ville, accueillait les lépreux des environs d'Orléans. On y dénombrait neuf malades en 1486, quinze en 1511. Elle fut démolie entre 1544 et 1557 et les lépreux furent envoyés à la maladrerie Saint-Ladre.
La maladrerie des Châtelliers, située sur la commune de Saint-Hilaire-Saint-Mesmin, fut fondée au 12e siècle par les moines de l'abbaye Saint-Mesmin de Micy. Elle fut ensuite cédée aux chevaliers de Saint-Lazare par le roi Louis VII. Après avoir servi d'asile aux lépreux, elle accueillit les personnes atteintes d'autres maladies. En 1623, les Chartreux prirent possession des bâtiments, la maladrerie fut réunie à l'hôtel-Dieu à la fin du 17e siècle.
Le petit Sanitas, destiné à l'accueil des pestiférés, fut créé en 1583 rue du Pommier rouge (actuelle rue Antoine-Petit) après une épidémie de peste et ne fut en activité que trois années seulement, sans doute en raison de son exiguïté. En 1586, les malades furent déplacés au grand Sanitas.
Le grand Sanitas fut créé dans une maison achetée en 1586 dans le faubourg Madeleine, à l'extérieur de la ville, pour y loger les personnes atteintes de "maladies épidémiques". En 1624, le roi Louis XIII autorisa l'édification d'un hôpital (hôpital Saint-Louis), en remplacement du bâtiment existant, et dont la construction fut achevée en 1632. Après avoir hébergé les malades contagieux, il accueillit mendiants et vagabonds avant leur déplacement à l'hôpital général à la fin du 17e siècle, ainsi que les aliénés avant qu'ils n'y soient transférés à leur tour vers la fin du siècle suivant.
L’Hospice Saint-Martin du pont d’Olivet, élevé sans doute au 14e siècle sur le pont enjambant
le Loiret, au sud d’Orléans, était fréquenté par les marchands et pèlerins, autorisés à y séjourner trois jours. Il fonctionna probablement jusqu’au 17e siècle.
Les aumônes
Au Moyen Age, la ville comportait de nombreuses aumônes essentiellement financées grâce à la générosité des Orléanais.
L'Aumône Saint-Antoine du Pont, située sur une île de la Loire que traversait le pont d'Orléans, remontait au 12e siècle et accueillait les passants et pèlerins pour une nuit seulement. Elle fut rattachée à l'hôpital général à la fin du 17e siècle ; les bâtiments furent démolis vers le milieu du siècle suivant lorsque le nouveau pont fut construit (1751-1760).
L'Aumône Saint-Serge, sise près du cloître Saint-Aignan, fut fondée avant 1188 par un certain Bertier, chanoine de l'église Saint-Aignan pour recevoir treize pauvres chaque jour. Elle semblait avoir disparu avant 1204 car il n'en est plus fait mention ensuite ; sans doute fut-elle réunie à l'hôtel-Dieu.
L'Aumône de Saint-Paul, attestée antérieurement au 13e siècle, était établie en 1346 place du Vieux Marché. Elle était destinée aux femmes vagabondes et indigentes d'Orléans et prit le nom d'Aumône des filles après la publication, le 16 février 1555, d'une ordonnance du roi Henri II. Les jeunes filles y recevaient une éducation leur permettant de devenir autonomes.
L'Hospice pour adultes non baptisés, fondée par saint Louis en 1256 et dont la localisation exacte est restée inconnue, accueillait 23 pauvres renouvelés chaque année que l'on baptisait à Pâques.
L'Hospice Saint-Mathurin, situé rue Bannier, fut également fondé par saint Louis en 1259 pour accueillir les pauvres aveugles. Il fut fermé en 1560, les bâtiments furent vendus en 1630 puis démolis.
L'Aumône de Saint-Pouair, fondée en 1298 à l'extérieur de la ville, près de l'église Saint-Paterne, accueillait à l'origine les indigents (elle proposait 18 lits à la fin du 15e siècle) et prit le nom, à la suite de l'ordonnance sus-citée, d'Aumône des garçons réservée aux hommes et garçons d'Orléans. Elle dispensait une éducation matérielle et une instruction religieuse et intellectuelle aux résidents.
L'Hospice des passants ou du Mouton rouge, fondé en 1375 rue des Carmes, près de la Croix-Morin, hébergeait quatre pauvres passants chaque soir ; il disparut au début du 17e siècle.
Chaque aumône avait sa propre administration et relevait de pouvoirs distincts, ce qui posait de véritables problèmes de gestion et de fonctionnement.
Afin de remédier à cette situation, et sur la demande des échevins d'Orléans, Henri II décida par l'ordonnance royale du 16 février 1655 le regroupement de ces maisons de charité sous une administration commune qui prit le nom d'Aumône générale gérée par une commission de dix-sept habitants élus. Trois établissements furent conservés : Saint-Antoine, Saint-Pouair et Saint-Paul, les biens de l'hospice Saint-Mathurin étant vendus au profit de l'Aumône générale.
Dans la première moitié du 17e siècle, il apparut que cette administration ne remplissait que partiellement son office. Cette inefficacité était amplifiée par la situation économique et sociale catastrophique engendrant une misère grandissante. La création d'un hôpital unique fut décidée afin de regrouper la population des aumônes qui par voie de conséquence furent supprimées.
En 1675, débuta la construction de l'hôpital général rue Porte-Madeleine pour accueillir les pauvres, vieillards, invalides, vagabonds et prostituées, puis à partir de la fin du 18e siècle les aliénés.
L'hôtel-Dieu, construit à l'est de l'hôpital général à partir de 1841, accueillit en décembre 1844 les malades transférés de l'ancien hôtel-Dieu.
Par la loi du 16 vendémiaire an V (7 octobre 1796), un nouveau régime fut institué qui donnait à l'administration municipale la charge et la surveillance des établissements hospitaliers établis sur le territoire communal et nommait une commission de cinq citoyens chargés d'élire un président. Quelques années plus tard, la circulaire du 15 mai 1801 précisait que le président devait être le maire de la commune. L'hôtel-Dieu et l'hôpital général furent donc réunis sous une même administration : les Hospices civils d'Orléans.
Le 16 janvier 1956, un arrêté ministériel classa les Hospices civils d'Orléans en Centre Hospitalier Régional d'Orléans, qui devint essentiellement un centre de soins. La loi du 31 décembre 1970 portant réforme hospitalière stipula ensuite que désormais les administrations hospitalières n'avaient plus vocation à créer et gérer des hospices mais pouvaient cependant conserver les structures existantes. Les pensionnaires de l'ancien hôpital général quittèrent donc progressivement les locaux de la rue Porte-Madeleine pour les quatre centres d'hébergement extérieurs pour personnes âgées, gérés néanmoins par le centre hospitalier ; les derniers résidents partirent vers 1991.
Après la création du quartier d'Orléans-La-Source au sud de la Loire au début des années 1960, il fut décidé de construire un nouvel hôpital, l'hôpital de La Source, sur ce territoire afin d'accroître la capacité d'accueil du centre hospitalier (651 lits supplémentaires) et d'offrir un hôpital répondant aux normes architecturales hospitalières alors en vigueur. Cet établissement du type de l'hôpital "tour sur socle" fut mis en service en octobre 1975.
Le 2 janvier 2017, le Nouvel Hôpital d'Orléans (1 034 lits), dont la construction avait débuté en novembre 2009, fut inauguré sur le site de La Source. Il regroupe l'ensemble des services hospitaliers et administratifs du site ancien de Porte-Madeleine, du centre hospitalier de La Source et du centre de cure médicale de Saran. Les objets mobiliers furent transférés dans les nouveaux locaux où une majorité des pièces médicales est exposée dans des vitrines permanentes en niche, prévues dès la conception de l'hôpital, principalement dans le grand hall d'accueil général.
Reconversion du site Porte-Madeleine
A l'horizon 2022, le quartier des Carmes Madeleine bénéficiera d'un renouveau complet au niveau du cadre de vie, de l'habitat et des services.
Le site Porte-Madeleine a été vendu en juillet 2017 à la SEMDO (Société d’Économie Mixte pour le Développement Orléanais), chargée de l'opération d'aménagement pour la ville d'Orléans. Y seront prochainement implantés une Maison de Santé pluridisciplinaire, un jardin public Jean Zay, un groupe scolaire, un pôle d'enseignement supérieur et des logements neufs et dans l'ancien réhabilité.
Ont démarré au premier semestre 2018 la démolition de plusieurs bâtiments récents (laboratoire, garages...), le curage de l'hôtel-Dieu, celui du bâtiment "Mère et Enfant" et son désamiantage avant sa déconstruction qui a été lancée le 17 juillet 2019. Des fouilles archéologiques du site sont ensuite prévues. En 2019 toujours, l'aile des anciennes urgences pédiatriques de l'hôtel-Dieu est progressivement aménagée en Maison de Santé pour accueillir à la fin de l'année ou au début 2020 divers professionnels de santé autour de trois axes (pédiatrie, addictologie et maladies chroniques) ainsi que le jardin Jean Zay dans une ancienne cour de l'hôtel-Dieu, d'une superficie de 3 000 m2, où sera exposée une oeuvre exécutée par les artistes Annick et Patrick Poirier.
La chapelle, fermée depuis 1993, qui connaît depuis des décennies de lourds désordres dans la maçonnerie et la couverture, a bénéficié en 2017 de travaux de reprise et nettoyage de la zinguerie, débouchage des chéneaux et gouttières, remplacement d'ardoises et réparation de vitres cassées afin d'en assurer le clos et le couvert. Un programme de restauration est actuellement en cours d'élaboration avec la Conservation Régionale des Monuments Historiques de la D.R.A.C Centre-Val de Loire. En parallèle, la réhabilitation en logements et services tertiaires de la pension Dubreuil, l'hôtel-Dieu et l'hôpital général, et la construction d'un pôle d'enseignement supérieur et d'un groupe scolaire se poursuivent, pour une livraison de l'ensemble vers 2021-2022.