La commune de Sauzelles
D'une superficie de 1286 ha, Sauzelles est l'une des dix communes du canton de Tournon-Saint-Martin. Située à l'ouest du Parc naturel régional de la Brenne, dans le "pays blancois", la commune compte aujourd'hui 257 habitants (recensement de 2006). Elle en comptait 473 en 1820 et a atteint son maximum de population en 1861, soit 592 habitants.
Le territoire communal : agriculture et paysage
La plaine alluviale en contrebas du village de Sauzelles.La commune de Sauzelles s'étend sur la rive gauche de la Creuse. Ses paysages sont de deux types : d'une part la vallée de la Creuse avec des prairies inondables et ses coteaux, d'autre part, le vaste plateau calcaire qui la surplombe, avec une plaine agricole très ouverte ponctuée par des boisements et des arbres isolés. Les coteaux, particulièrement abrupts aux environs de Rochefort et de Terre Chaude, s'estompent et laissent place à une vaste plaine alluviale entre Mijault et le Petit Asnières. Une longue île a été façonnée au niveau du moulin de Mijault, et divise la Creuse en deux bras.Le plateau au profil légèrement ondulé est entaillé par des vallons coulant vers la Creuse ou l'Anglin, dont celui de Baberoche, particulièrement encaissé dans sa partie avale. La plaine agricole a été remembrée dès 1951 (le premier remembrement du département) et occupe les trois quarts de la commune. Elle est découpée en vastes parcelles de culture (céréales), dégageant des vues lointaines.
Les données archéologiques (R. Benarrous)
La majorité des sites archéologiques connus est localisée en bordure de la rivière. Il s'agit pour l'essentiel de cavités et d'abris sous roche pour certains préhistoriques (Aubry 1995). À 40 m de la rivière, à Mijault, se trouve le monument funéraire antique dit le Saint-Fleuret. Il s'agit d'un bas-relief gallo-romain taillé dans les coteaux représentant trois personnages et portant une inscription latine (Voisin 1874 ; Coulon 2001). Il a vraisemblablement été implanté dans une ancienne carrière. En 1991, l'emprise d'un "hameau rural" gallo-romain a été découverte, également en bordure de Creuse, au nord-ouest du bourg (Laüt 1991).
Les prospections pédestres conduites en 2011 ont permis d'explorer le plateau calcaire (Benarrous 2011). Outre des indices diffus de fréquentation préhistorique (Néolithique essentiellement), les traces de sidérurgie ancienne ont été notamment localisées à Bousseronde et au Bois Boutelot. Pour ce dernier lieu-dit, il s'agit d'une implantation gallo-romaine.
Une carrière souterraine de pierre à bâtir (Moyen Age ou début de l’Époque moderne), dans un excellent état de conservation, a été découverte à flanc de coteau en contrebas du hameau de Terre Chaude. Non loin de l'entrée de ce site, une aire jonchée de ratés de cuisson pourrait correspondre à un ancien atelier de tuiliers (ou à une zone d'épandage en position secondaire).
Rochefort, vestiges du château médiéval.
Surplombant la vallée de la Creuse, la propriété de Rochefort conserve les vestiges d'un ancien château presque complètement démantelé au cours du 19e s. (Chrétien 1885 ; Aude 1916). Il fut le siège, dès le Moyen Age central, d'un important fief qui relevait des seigneuries blancoises.
Le cadastre ancien
Exemple de représentation des natures de bâtiments sur le cadastre du bourg (sud-ouest de Sauzelles, section J).Le cadastre ancien de Sauzelles, achevé en 1812, se révèle particulièrement intéressant pour l'étude du bâti. La représentation graphique précise permet notamment de distinguer deux types de bâtiments : ceux "à plan simple" habituellement observés sur les cadastres anciens et ceux dont la représentation en plan correspond à de ce qui aurait pu être un toit à croupes. La confrontation entre le plan cadastral et les états de section a mis en évidence que cette distinction de représentation ne concernait pas la forme de la toiture mais précisait la nature des bâtiments. Les bâtiments représentés par un simple polygone sont désignés dans les états de section sous le terme de "bâtiment rural", tandis que les plans "à croupes" correspondent aux maisons et pièces à feu.
Cette distinction se retrouve dans d'autres cadastres du canton de Tournon-Saint-Martin, notamment à Lureuil. Sur ce cadastre, également achevé en 1812, la distinction graphique est renforcée par une distinction de teintes, le carmin est employé pour les bâtiments ruraux, le brun étant réservé aux "maisons".
Le patrimoine bâti
A Sauzelles, le village et les hameaux concentrent l'essentiel des ensembles bâtis. L'habitat isolé, caractéristique importante de la Brenne des étangs et de son faible peuplement, est en effet rare dans les régions calcaires plus fertiles avant le 19e siècle.
Les ensembles bâtis se partagent entre deux types d'implantation : le village et les écarts dominant la vallée de la Creuse, Terre Chaude, le Petit Asnières, le Grand Asnières ; et les hameaux de plateau, Tilloux, Bousseronde, Ruffec-le-Franc, les Maisons rouges et les Renauderies. En bord de Creuse, Mijault offre une implantation originale, accroché au coteau.
La Grande Métairie, ferme isolée. Les Places et la Grande métairie sont les deux seules fermes isolées et présentent des ensembles bâtis encore peu remaniés.
Outre l'église paroissiale et le château de Rochefort, le patrimoine bâti de la commune comprend essentiellement des fermes et des maisons dont un nombre important peut être daté au moins du 18e siècle, et pour certains d'entre eux, des 16e et 17e siècles.