Géographie
Chemin bordé de murets au sud-est du bourg.D'une superficie de 423 ha, Preuilly-la-Ville est l'une des dix communes de l'ancien canton de Tournon-Saint-Martin. Située dans le "pays blancois", elle est encadrée au sud par la vallée de la Creuse et au nord par celle du Suin. Son territoire s'étend sur un plateau calcaire incisé par la vallée de la Creuse. Les coteaux très boisés sont particulièrement abrupts et donnent l'impression d'une commune perchée et isolée. Sur le plateau, les paysages ouverts de la grande culture (remembrement dès 1962) alternent avec quelques boisements et traces d'un bocage ancien.
La commune compte aujourd'hui 160 habitants (recensement de 2006), elle en comptait 346 en 1820.
Archéologie et Histoire
Les données archéologiques sont assez maigres pour ce territoire de très petite taille. Des cavités et abris sous roche préhistoriques ont toutefois été localisés dans les coteaux de la vallée de la Creuse.
Des découvertes antiques sont rapportées dans la seconde moitié du 19e siècle ("substructions gallo-romaines " non localisées et monnaies trouvées dans le bourg). Les prospections archéologiques récentes ont mises en évidence une fréquentation préhistorique (Néolithique) sur le plateau calcaire. Les indices d'une occupation gallo-romaine sont également attestées (bourg, Prépicault) tout comme les traces discrètes d'une sidérurgie ancienne (Benarrous, 2011). Une tête sculptée, supposée gallo-romaine, est par ailleurs insérée en réemploi dans le mur d'une habitation du bourg (peut-être par apatropaïsme ; cf. dossier IA36010290). En outre, la commune est traversée du nord au sud par un itinéraire routier supposé ancien (antique) reliant Tournon au Blanc.
La cité antique des Bituriges, dont le territoire de Preuilly-la-Ville faisait partie, transmet ses limites, au Moyen Age, à l'ancien diocèse de Bourges (sa frontière occidentale étant le cours de la Creuse).
L. Martinet (1878) signale un énigmatique "tumulus de la Motte". Il pourrait s'agir d'une erreur de localisation. Le micro-toponyme n'existe pas en 1812. Nous sommes en revanche certains que l'abbaye poitevine de Saint-Cyprien a été détentrice au 10e siècle de biens et de droits à Preuilly. Le lieu-dit ("villa que dicitur Proliacus" en 936) est localisé, selon les archives, soit en pays poitevin ("in pago Pictavo") soit en pays berrichon ("in pago Biturico") sans que l'on sache si la frontière d'influences régionales a fluctué ou si les scribes méconnaissaient ce secteur géographique (Bascher, 1991 ; Péricard, 2004).
Vue générale de l'église paroissiale Saint-Pierre.La petite église paroissiale, dédiée à saint Pierre et citée vers 1080, a longtemps dépendu de la dite abbaye Saint-Cyprien de Poitiers (Devailly, 1973). Le dépouillement du cadastre ancien a permis de relever une structure géométrique en U, compartimentée à l'intérieur, non loin de l'édifice. Désignée dans les états de section par "bâtiment de la chapelle en ruines", il pourrait s'agir de la chapelle Saint-Mathurin (Plaux, 2013). Située au milieu de l'actuelle route D 62, aucun vestige ne subsiste.
Les coteaux, aujourd'hui boisés, abritent plusieurs sites d'extraction de la pierre (calcaires à mollusques et à coraux) datés du Moyen Age à l’Époque contemporaine. Le complexe souterrain le plus imposant est la "Cave Poirière" (entendre la Cave Perrière) qui a fourni la pierre nécessaire à la construction et à la reconstruction (seconde moitié du 19e siècle) de l'abbaye de Fontgombault (Benarrous, 2013).
Précisions sur le cadastre ancien
La partie sud de Prépicault sur le plan cadastral de 1812. (Archives départementales de l'Indre, 3 P 249). Le cadastre ancien de Preuilly-la-Ville, achevé en 1812, se révèle particulièrement intéressant pour l'étude du bâti. La représentation graphique précise permet notamment de relever la présence d'escaliers extérieurs (très présents au Prépicault), des murets et des haies dont le réseau est encore dense au début du 19e siècle. Également, deux types de bâtiments se distinguent : ceux à "plan simple" habituellement observés sur les cadastres anciens et ceux dont la représentation en plan correspond à ce qui aurait pu être un toit à croupes. La confrontation entre le plan cadastral et les états de section a mis en évidence que cette distinction de représentation ne concernait pas la forme de la toiture mais précisait la nature des bâtiments. Les bâtiments représentés par un simple polygone sont désignés dans les états de section sous le terme de "bâtiment rural", tandis que les plans "à croupes" correspondent aux maisons et pièces à feu.
Cette distinction se retrouve dans d'autres cadastres du canton de Tournon-Saint-Martin, notamment à Lureuil. Sur ce cadastre, également achevé en 1812, la distinction graphique est renforcée par une distinction de teintes, le carmin est employé pour les bâtiments ruraux, le brun étant réservé aux "maisons".
Le patrimoine bâti
Décor d'une maison du bourg, chemin des Roches : tête sculptée et ouverture monolithe.L'habitat isolé, caractéristique importante de la Brenne des étangs et de son faible peuplement, est inexistant sur la commune et rare dans les régions calcaires plus fertiles avant le 19e siècle.
A Preuilly-la-Ville, les ensembles bâtis se répartissent entre le village et les quatre hameaux de la commune, le Prépicault, le Querroir, les Crétinières, et les Cossetteries, ces derniers formant des ensembles bâtis plus importants que le village même.
Outre l'église paroissiale et son presbytère des 15e ou 16e siècles, le patrimoine bâti de la commune comprend essentiellement des fermes et des maisons dont un nombre important peut être daté au moins du 18e siècle, et pour certains d'entre eux des 15e, 16e et 17e siècles.