Contexte historique et urbain
Plan du lotissement Rime-Allou, 1928. (Archives municipales et communautaires d'Orléans, 2513).Les rues de l'Écale et Porte-Dunoise (anciennement rue des Abattoirs) constituent aujourd'hui les deux seuls témoins du premier Plan d'Aménagement, d'Extension et d'Embellissement de la Ville d'Orléans (P.A.E.E.) qui avait été dressé en 1922 par le directeur honoraire des travaux municipaux Besnard. Approuvé par le conseil municipal du 9 juillet 1926, ce plan constituait une première réponse à la loi Cornudet du 14 mars 1919. En obligeant les villes de plus 10.000 habitants à encadrer leur extension, cette loi instaurait le premier régime de planification en France. Le plan Besnard, qui prévoyait l'aménagement du secteur Madeleine selon une trame orthogonale de voies non différenciées, fut remis en cause en 1930 par le conseil municipal. Celui-ci confia deux ans plus tard, après concours, l'élaboration d'un nouveau plan à l'urbaniste Donat-Alfred Agache qui ne sera jamais approuvé.
De fait, le prolongement de la rue de l'Ecale s'effectuera au coup par coup, au grès des projets privés (lotissement Dufour en 1931, puis Cordonnier dans les années 1940 et la Ville dans les années 1950). La rue Porte-Dunoise sera également prolongée dans les années 1950 lors de la création d'un nouveau quartier d'habitat collectif.
Caractéristiques morphologiques et architecturales
Maisons, 9-19 rue Porte-Dunoise.Dans une logique d'économie d'espace, les maisons du lotissement Rime-Allou conservent une mitoyenneté partielle d'un côté et aménage de l'autre un passage latéral piéton qui offre un accès direct au jardin arrière depuis la rue. Ce phénomène souligne la tendance qui émerge après la Première Guerre mondiale dans la proche périphérie orléanaise, celle du pavillon isolé accompagné de son jardin individuel, que l'on peut également observer dans les lotissements contemporains Pellé (rue Landreloup) et du Baron (en particulier rue Cornu) situés dans le même secteur ou dans le lotissement Coursimault au sud de la Loire. Cependant, en l'absence de toute servitude de retrait (imposée dans les deux derniers lotissements) et afin de permettre une plus grande profondeur de jardin, les maisons se sont alignées le long des rues de l'Écale et Porte-Dunoise (image ci-contre). Au contraire, pour les propriétaires de la rue du Faubourg-Madeleine (n° 70 à 74), l'aménagement d'un jardin ou d'une cour devant la maison offrait à la fois un accès facilité aux garages automobiles et un espace tampon atténuant les nuisances de la rue.
Alignement de maisons rue Porte-Dunoise.Le long des deux voies de desserte du lotissement, la présence des petits pavillons économiques à pignon sur rue témoigne des effets incitateurs de la loi Loucheur votée en 1928 qui établit un programme quinquennal de 260.000 logements H.B.M. et H.L.M. et encouragea l'accession à la propriété immobilière. La succession de ces pavillons d'un même gabarit et la mise en oeuvre des façades de moellon ou la modénature de brique associée à l'utilisation récurrente d'éléments industriels issus du commerce engendrent ainsi la continuité du paysage urbain. Assurément, l'homogénéité qui en découle illustre une certaine idée "d'être entre soi", une idée qui ne devait pas être étrangère au projet des industriels promoteurs et qui avait dû inciter les accédants à s'installer dans le lotissement.