Contexte historique et urbain
Plan-masse du lotissement, 15 mars 1955. (Archives municipales et communautaires d'Orléans, Série O, 692).Au début des années 1950, la Ville d'Orléans s'engage dans un vaste programme de construction comprenant plusieurs centaines de logements collectifs dans les secteurs ouest (Madeleine) et est de la commune (Argonne), dont plusieurs seront construits dans le cadre de l'opération Million (un logement pour un million) lancée en France en 1955. Le lotissement des Beaumonts, entrepris pendant cette période, constitue une réponse à la demande de logements économiques individuels accessibles à la propriété. Son plan est confié à Léon-Emile Bazin, architecte conseil du Loir-et-Cher et du Loiret qui a également à sa charge à la même période les plans des lotissements du Clos-Belneuf et du quartier de la Gare.
Caractéristiques morphologiques et architecturales
Le lotissement est situé à équidistance de la rue du Petit-Chasseur au nord et de la rue Brise-pain au sud, à l'origine sur un seul terrain. La trame générale, qui évoque celle de la cité-jardin d'Arcueil (construite en 1921-1923), s'organise autour d'une place en bras de turbine, d'où partent deux axes longitudinaux (rue du Général-de-Sonis et rue Paul-Gauguin) auxquels sont reliées deux rues et trois impasses tracées perpendiculairement. La rue Porte-Dunoise forme le second axe principal du lotissement et joue un rôle de circulation primaire au sein du quartier. Cette rue, située dans le prolongement de la rue Landreloup percée au début des années 1920, figurait au Plan de Reconstruction et d'Aménagement de la ville adopté en 1949.
Maison, 59 rue Porte-Dunoise.Le long de ces différentes voies, les maisons sont implantées en rangée discontinue et en retrait selon une composition symétrique qui se joue à l'échelle d'un îlot. Elles sont entourées d'un jardin traité en agrément côté rue (ayant parfois été remplacé par une cour bitumée ou pavée) clôturé selon plusieurs dispositifs. Ces clôtures se composent de simples grillages tenus par des poteaux de ciment parfois doublés d'une haie ou de murs surmontés de grilles métalliques, de barrières, de clôtures basses à muret parfois surmonté d'une barre d'appui. Les dessins des grilles métalliques, que l'on retrouve également à Orléans dans les lotissements du Clos-Belneuf, de la rue Eugène-Turbat ou de la rue Georges-Papelier, sont caractéristiques de la fin des années 1950 : cadres tubulaires à remplissage de grillage à trame fine, motifs géométriques tels que les losanges, les cercles, les dents de scie, les formes sinusoïdales.
Maison, 6 rue Maurice-Rollinat.Plusieurs maisons, bâties par des propriétaires isolés, empruntent leur forme au pavillon d'avant-guerre à pignon sur rue, dont quelques uns témoignent de certains régionalismes courants à cette période, en particulier les maisons couvertes de toits asymétriques (n° 6 rue Maurice-Rollinat, image ci-contre, n° 59 rue Porte-Dunoise, image ci-dessus). Si quelques propriétaires isolés ont pu se grouper pour construire simultanément, à l'image des n° 15-17 rue du Général-de-Sonis, le paysage du lotissement demeure cependant fortement marqué par les groupes d'habitations réalisés par des sociétés privées.
Maisons jumelées, 5-7 rue Maurice-Rollinat.Un groupe de huit maisons économiques et familiales homologuées, dessinées par l’architecte Jacques Bruneteau, a été édifié rue Paul-Gauguin (n° 4 à 18). Comprenant chacune un étage carré couvert à deux pans en ardoise et un garage accolé, elles possèdent des façades enduites simplement soulignées par les piédroits de baies en brique. La société coopérative de castors "construire" a quant à elle édifié 28 maisons qui se répartissent en 26 maisons jumelées et deux maisons individuelles (n° 1 rue du Général-de-Sonis et n° 6 rue Léon-Thauvin). Les maisons jumelées sont construites selon quatre formules distinctes : maisons d'un étage à lucarnes attiques et accès en pignon (n° 5-7 rue Maurice-Rollinat, image ci-contre), maisons d'un étage dont l'entrée côté jardin est surmontée d'un balcon triangulaire (n° 9-11 rue du Général-de-Sonis), maisons en rez-de-chaussée surélevé et un étage carré couvertes à deux pans et croupes (n° 7-9 rue du Général-de-Sonis).
Maisons jumelées, 20-22 rue Paul-Gauguin.
Si ces maisons conservent pour la plupart des formes traditionnelles, l'un des types affiche une composition moderne qui se traduit par son volume massé et sa couverture en terrasse (n° 2-4, 5-7 rue Léon-Thauvin ou n° 20-22 rue Paul-Gauguin, ci-contre), même si certaines ont été recouvertes postérieurement d'une toiture en ardoise.