Le « 1% artistique » avant et après la décentralisation :
Le « 1% artistique », communément désigné, est une procédure spécifique de commande d’œuvres à des artistes vivants relative à la décoration des constructions publiques. Entrée en vigueur en 1951 (arrêté fondateur du 18 mai 1951, modifié le 15 mai 1975), cette mesure de soutien à la création contemporaine s'inspire d'une initiative de Jean Zay, ministre de l’Éducation et des Beaux-Arts durant le Front populaire. Elle vise actuellement à consacrer à l'occasion de la construction, de la réhabilitation ou de l'extension d'un bâtiment public 1% du coût des travaux à la commande ou à l'acquisition d'une ou de plusieurs œuvres d'art contemporain pour les intégrer au bâtiment en question ou à ses abords. D'abord mise en œuvre à l’éducation nationale, la mesure a été étendue à d'autres constructions publiques de l’État, puis des collectivités territoriales suite à la loi de décentralisation du 22 juillet 1983 (loi n° 83-663, article 59). Faute de circulaire d'application, cette obligation a été partiellement ou diversement mise en œuvre dans les collectivités.
Le décret n°2002-677 du 29 avril 2002 relatif à l'obligation de décoration des constructions publiques fixe les nouvelles conditions de mise en œuvre de cette obligation. Une circulaire du 16 août 2006 en précise les dispositions. Depuis le 1er avril 2019, le nouveau code de la commande publique expose les modalités de passation de ces procédures, notamment en ses articles L2172-2 et R2172-7 à R2172-19.
Les caractéristiques essentielles de l’œuvre « 1% artistique » :
Les objectifs de la mesure sont premièrement d'ordre artistique, en veillant à l'intégration étroite de l’art contemporain sous diverses formes d’expression plastiques et esthétiques dans l'architecture et ses abords. Ce qui permet de créer une collaboration intéressante et innovante entre artistes et architectes. Ces objectifs sont aussi d'ordre pédagogique. En effet, mettre l’œuvre en dehors d'institutions spécialisées, au contact de l'individu, contribue à sensibiliser le public à l’art contemporain, et selon les lieux, dès son plus jeune âge. Enfin, par son caractère obligatoire, cette mesure offre aux artistes une certaine reconnaissance ainsi que des opportunités économiques en les aidant à vivre de leurs créations.
En Région Centre-Val de Loire :
Du fait du transfert de compétences liées aux lois de décentralisation, l’éducation nationale a cédé le parc immobilier des lycées et son équipement. La Région Centre-Val de Loire réunit ainsi dans ses lycées publics, ses Établissements régionaux d'enseignement adapté (EREA), son Centre régional d'éducation populaire et de sports (CREPS) et dans quelques établissements culturels ou sportifs construits sous sa maîtrise d'ouvrage, plus d'une centaine d’œuvres dont le recensement a été réalisé en 2014. Ce recensement, complété d’une analyse systématique des documents d’archives (Archives nationales et facultativement Archives départementales ou municipales), a permis d’identifier 122 œuvres du « 1% artistique » : 95 dans leur lieu d'origine, 4 déplacées, 3 déposées, 3 non visibles et 17 disparues. Le recensement révèle la grande variété des œuvres : sculpture, mosaïque, peinture, photographie, création graphique, installation, etc. La sculpture étant la forme d’expression plastique majoritaire. Ainsi, 111 artistes, ayant travaillé seul ou en binôme, ont créé ces œuvres du « 1% artistique » en région Centre-Val de Loire. Certains, renommés ou moins connus, ont réalisé plusieurs ouvrages, notamment Olivier Debré, Albert Féraud, Marcel Gili, Nicolas Untersteller, Michel Saint-Olive ou encore Wilson Trouvé. Enfin, les statistiques dévoilent des périodes de création inégalement représentées : 58 œuvres ont été réalisées de 1951 à 1971, 31 de 1972 à 1992 et 32 de 1993 à 2013.
L’ensemble de ces œuvres d’art contemporain forme un important corpus dont il conviendra de faire l'étude approfondie en même temps que faciliter leur conservation et leur mise en valeur.