Les halles de Nogent-le-Rotrou sont mentionnées pour la première fois dans la littérature percheronne en 1838, leur construction remonterait à l’année 1533. Croulantes de vétusté, elles sont remplacées au 19e siècle par l’actuelle mairie, sans avoir été préalablement étudiées et /ou documentées.
Les halles de Nogent sont déjà construites et dotées d’étals en 1488. Leur bon fonctionnement nécessite des réparations constantes, comme en témoignent les différents marchés, adjudications et états de réparation conservés entre 1537 et 1748. Si l’on retient l’hypothèse d’une construction en 1533, il apparaît curieux que l’édifice ait besoin de réparations seulement trois ans après sa construction.
La proximité de l’édifice avec le marché à bétail, le fait qu’il accueille des étals de bouchers ainsi que de cordonniers et que les profits de la visite des bestiaux soient affectés aux réparations des halles, invitent à restituer une spécialisation en lien avec l’élevage et son commerce.
La halle s’écroule en 1803, l’expertise menée l’année suivante décrit l’édifice comme doté : d’un rez-de-chaussée où se tiennent les bouchers et autres marchands, d’un premier étage où siégeait autrefois le tribunal civil, et d’une salle grenier au-dessus. Cette dernière était chargée de son au moment de l’effondrement de la halle. Le rez-de-chaussée est entièrement construit en pan de bois, il est composé de quatre rangées de poteaux. Ses côtés sont flanqués de bâtiments couverts en appentis ne dépassant pas le sol du premier étage. Celui-ci compte deux rangées de poteaux montant de fond et se prolongeant sous les fermes de la charpente du grand comble dont le toit comporte deux croupes.
Le devis de récupération des matériaux des halles, effectué préalablement à sa destruction,est déposé en 1842. Parmi les matériaux figurent dix vieilles croisées en chêne et deux escaliers. Le projet de remplacement de l’édifice par une halle aux grains, une mairie, une bibliothèque et un tribunal ainsi que son devis sont déposés plus tard en 1857 et 1858. Les travaux sont effectués dans la foulée.
Vestiges conservés : Les halles ont été complétement détruites. En 1902, le terre-plein sous l’actuelle mairie est doté de 15 échoppes du côté de la place du Marché.
Le terminus ante quem des halles est fixé à 1488, ce qui n’exclut pas une datation plus ancienne, plusieurs halles étant attestées à Nogent dès le 14e siècle (présence d’une halle aux drapiers qu’il n’a pas été possible de localiser). Celle-ci est peut-être reconstruite en 1533.
Durant la première moitié du 17e siècle, les halles accueillent, en plus de leurs fonctions commerciales alors liées à l’élevage et à son commerce, le tribunal de la baronnie de Nogent. Celui-ci est composé d’une salle d’audience (auditoire) et d’une chambre (délibération ?). Les halles sont surmontées d’une horloge ajoutant ainsi la maîtrise du temps à ses prérogatives. L’édifice est alors un centre économique et judiciaire placé sous l’autorité seigneuriale dont il symbolise le pouvoir.
Le bâtiment est doté de deux niveaux d’élévation ménagés sous un grand comble. Le rez-de-chaussée accueille des boutiques et des échoppes, celles-ci sont certainement réparties entre les poteaux qui délimitent les différents vaisseaux du rez-de-chaussée. L’espace est peut-être déjà alors composé de deux vaisseaux et deux bas-côtés. L’auditoire et la chambre du tribunal sont situés à l’étage, ils sont éclairés par des croisées en bois, ce qui laisse à penser que l’étage était également construit dans le même matériau. Il n’a pas été possible de préciser si la charpente était apparente ou si elle servait déjà de grenier à grains comme c’est le cas au 19e siècle.
Symbole de la justice seigneuriale, les halles ne survivent pas à l’instauration de la République. Faute d’entretien, elles s’écroulent en 1803 avant d’être détruites et remplacées par l’actuelle mairie en 1858.