Les cathédrales primitives
Clochette de basilique frappée de la Sainte chemise, ancien emblème du chapitre.
L'origine de la cathédrale est auréolée de légendes qui se sont développées plusieurs siècles après sa fondation. L’une d’elles, apparue dans une chronique de 1389, assure que les druides révéraient déjà "une vierge qui devait enfanter" ou Virgini Pariturae, avant l’arrivée des premiers évangélisateurs ; croyance embellie aux 16e et 17e siècles et qui a contribué à renforcer la vénération de la Vierge. Cependant, la dévotion à Notre-Dame était déjà répandue avant le 7e siècle, deux cents ans avant la réception de la relique du Voile de la Vierge, sans qu'il soit possible d’en déterminer la date exacte d’éclosion ni d’établir quand s’instaura l'habitude de venir en pèlerinage à Chartres.
Peintures monumentales (vers 1200) dans la crypte, détail : l'église de Fulbert.Au cours du haut Moyen Age, cinq édifices au moins durent se succéder. Dans la seconde moitié du 4e siècle, la présence d'un évêque, Valentin, est attestée : son église est donc déjà établie. Sa première mention date de 743 après sa destruction par les Wisigoths. Elle est de nouveau mise à sac en 858 par les Normands puis en 962. Reconstruite autour de l'An mil, elle reste toutefois un édifice modeste dont seul est conservé le caveau Saint-Lubin, dont le plan et l'orientation ont déterminé l'implantation du sanctuaire de l'actuelle cathédrale.
Après le violent incendie du 7 septembre 1020, l’évêque Fulbert (1006-1028), grand intellectuel de son temps et figure marquante de la cathédrale, lui donne son essor et réédifie le monument grâce à la prodigalité de Robert II le Pieux (vers 972-1031), roi des Francs, et de Guillaume V, duc d’Aquitaine (vers 969-1030). Il en fait un édifice aux dimensions considérables pour l’époque, qui sera dédicacé en 1037 après sa mort. Sous l'église supérieure qui en adopte le plan, s'étend l'immense crypte composée d’une longue galerie en fer à cheval à demi-enterrée et flanquée de chapelles absidales, terminée en 1024. Elle devient le lieu de culte souterrain de la cathédrale où l'on prie une statue de Vierge à l'Enfant, Notre-Dame de Sous-Terre.
Crypte, galerie Saint-Jean-Baptiste (galerie sud).Après 1134, date d'un nouvel incendie qui détruit une partie de la ville mais endommage peu la cathédrale, une tour indépendante couronnée d'un clocher en bois est ajointe au nord-ouest de la nef ; puis, entre 1142 et 1150, devant l'église de Fulbert, la façade occidentale avec le portail Royal, dont les reliefs et les hautes statues demeurent un chef-d’œuvre de l’art roman, surmonté de trois baies. Une seconde tour (dite clocher Vieux), pourvue d'une flèche en pierre est terminée au sud-ouest de la façade vers 1170.
La cathédrale actuelle
Vue générale prise de l'ouest.Après l'incendie de 1194 qui, une fois encore, ravage la cathédrale et la majeure partie de la ville, elle est aussitôt relevée en conservant les éléments antérieurs épargnés : les deux tours, le portail Royal que l’on couronne de la rose du Jugement dernier et de la galerie des Rois, et la crypte sur laquelle est assise la nouvelle église. Les porches sculptés, accolés aux bras nord et sud du transept, viennent achever l’ensemble. Grâce à la volonté de l'évêque Renaud de Mouçon (1182-1217) et du chapitre et à l'affluence des dons, les travaux sont conduits avec célérité et le gros-œuvre est achevé en 1220. Les chanoines prennent possession du nouveau chœur l’année suivante et peuvent envisager quelques années plus tard les premiers aménagements intérieurs. La dédicace solennelle de l’église sous le vocable de cathédrale de l’Assomption de Notre-Dame a lieu le 24 octobre 1260.
Entre 1270 et 1280, l'imposante sacristie est adjointe à l'est du porche nord. A partir de 1323, la salle capitulaire des chanoines est construite hors-oeuvre au sud-est du chevet par Huguet d'Ivry. L'année suivante, le bâtiment qui l'abrite est surélevé d'un niveau pour accueillir la chapelle Saint-Piat, destinée à l'ostentation des reliques du saint, qui font l'objet de dévotions et de pèlerinages anciens. La construction débute vers 1327 (date d'un marché passé pour l'extraction des pierres de Berchères) ou 1335, pour s'achever vers 1356, à l'exception de la tourelle nord ajoutée en 1370. Elle comporte trois travées à l'origine ; une quatrième est ajoutée ainsi qu'un escalier extérieur pour la relier à la cathédrale, grâce à une importante dotation reçue par le chapitre en 1352.
En 1417, la chapelle de Vendôme, fondée en 1413 par Louis de Bourbon (1376-1446), comte de Vendôme, après sa libération de captivité, est construite à partir de 1417 par Geoffroy Sevestre entre deux contreforts du bas-côté sud. Le clocher élevé par Jehan de Beauce sur la tour nord (dite clocher Neuf) en remplacement du beffroi en bois construit après 1134 et détruit par un incendie le 26 juillet 1506, est terminé en 1513.
Le dernier événement dramatique marquant est l’ultime incendie déclenché accidentellement le 4 juin 1836 qui détruit la charpente et la toiture en plomb mais les voûtes résistent, occasionnant peu de dommages à l'intérieur. Les travaux de restauration sont achevés en 1841, en partie grâce à une souscription ; la cathédrale reçoit une charpente métallique, en fer et fonte, et une toiture en plaques de cuivre.
Elle est classée Monument historique en 1862 et inscrite par l'UNESCO sur la liste du Patrimoine mondial de l'humanité en 1979. En 1908, la cathédrale est élevée par le Saint-Siège à la dignité honorifique d'Insigne basilique, en raison de l’ancienneté de sa fondation.
Entretien et restauration
Façade occidentale : le portail Royal.La cathédrale constitue un chantier permanent d'entretien et de restauration. La recherche historique conduit également à réaliser des sondages et des fouilles qui débouchent parfois sur des découvertes. Parmi les travaux importants des cinquante dernières années, on peut citer la rénovation de la crypte et de la chapelle de Notre-Dame de Sous-Terre en 1976, la réfection du clocher Neuf (1978-1984), la restauration de la charpente du 19e siècle, terminée en 1997, celles de l'ensemble du porche nord (1997-1999), de la façade sud hors portail (2007-2008) et de la façade occidentale (2008 et 2010-2012).
En parallèle, la restauration et la protection de l'ensemble des vitraux, engagées depuis 1986, se poursuivent toujours. Le dégagement et la restauration des enduits intérieurs d'origine de l'ensemble de l'édifice, qui ont débuté en 2008, devraient être réceptionnés vers 2024. La restauration complète de la clôture de choeur, entreprise depuis 2015, devrait, quant à elle, arriver à son terme en 2022.
La restauration extérieure de la chapelle Saint-Piat et de la salle capitulaire (toiture, façade et vitraux) s'est achevée en 2018. Au cours de l'année 2021 démarreront la restauration intérieure (parements et peintures murales) et le nouvel aménagement du Trésor, déposé depuis 2000.